La santé mentale au travail, mais de quoi parle-t-on exactement ? La santé mentale est définie par l’OMS comme étant un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Le travail représente une partie conséquente de nos vies et de nos projets. Qui ne souhaite pas se réaliser dans tous les domaines de son existence et par conséquent dans son emploi avec un sentiment d’utilité et efficacité personnelle (Bandura, 2010) ? En 2024, le burn-out, le bore-out (l’ennui au travail), l’épuisement professionnel, le harcèlement font hélas fréquemment la “une” des journaux concernant le monde professionnel et les RPS (Risques Psycho Sociaux). Ces termes recouvrent des représentations diverses selon nos identités et pour autant elles impactent nos organisations de travail. L’OMS reconnait le burn-out comme maladie professionnelle et le décrit comme étant « un syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès ». Le stress est une réponse de l’organisme face à une agression ou une stimulation. Nécessaire pour notre adaptation dans la vie de tous les jours, ce stress devient problématique au travail lorsque la perception des contraintes dépasse celle des bénéfices pour le professionnel : « Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception des ressources dont elle dispose pour y faire face ». (Accord interprofessionnel du 2 juillet 2008).
Mais alors sur quoi peut-on agir pour soi-même ou pour ses collègues face à ce risque ? Comme nous l’avons vu la durée d’exposition au stress et son caractère répétitif, « chronique », sont des facteurs majeurs de RPS. Un syndrome d’adaptation est en effet à l’œuvre avec trois phases selon Hans Selye, 1956, Alarme, résistance et épuisement. La charge émotionnelle, l’agressivité, la violence, les organisations du travail, les enjeux qui divergent entre employeur, manager et salarié, clients, usagers, les logiques économiques, etc., sont des composantes de la vie professionnelle qui impactent ce risque de stress chronique au travail. Lorsque l’individu perd le sens de sa présence sur son lieu de travail ou bien doute de ses capacités, de son efficacité personnelle, alors le terreau des RPS est fertilisé. Prendre conscience de ce phénomène est déjà un premier pas.
Nous ne pouvons en effet agir que sur ce dont nous avons conscience. Alors, si nous connaissons ce processus à la suite d’une formation il serait bien plus probable que nous puissions en repérer les signes chez nous même et chez nos collègues. Ainsi, avec des connaissances de base en psychopathologie, une sensibilisation à ces phénomènes, à leurs manifestations et leurs conséquences il serait possible de réagir avant qu’il ne soit trop tard. A l’heure de la QVT (Qualité de vie au travail), n’est-il pas temps de prendre soin les uns des autres ? La QVT ne devrait pas se résumer simplement à l’aménagement des espaces conviviaux ou de détente au sein de l’entreprise ou à la possibilité de télétravailler mais aussi à la prévention des RPS de façon active dans les relations interpersonnelles. Les connaissances actuelles en psychologie et sociologie offrent des outils validés et éprouvés tels que les stratégies de coping, la CNV (communication non violente) et les CPS (compétences psychosociales) qui bien utilisés peuvent faire des miracles dans le vivre ensemble. Des formations axées sur une approche psychopathologique des RPS permettraient alors de ne pas se retrouver sans voie (voix) face l’expression d’une détresse, d’une souffrance au travail. Puisqu’il est possible d’accompagner la gestion de ce syndrome de stress chronique pour prévenir les RPS ne restons pas sans agir.